Les secrets du bunker de la Maison du Peuple

Je vous ai récemment proposé de découvrir l’abri anti-aérien situé sous la Maison du Peuple, à Clichy, à travers un article très exhaustif. Mais l’endroit n’avait pas livré tous ses secrets ! Une nouvelle visite plus minutieuse me permet de vous dévoiler quelques petits détails insolites du lieu :

Les sardines oubliées
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Dans la salle des machines, sur l’un des filtres à charbon actif, est posée une boîte de sardines d’époque, au contenu plus que passé d’âge… On peut y lire « sardine à l’huile », « Courégant » et « Fleury ». Fleury était une importante sardinerie basée dans la ville de Courégant, près de Lorient, qui fut en activité de 1866 à 1971 (elle fut la dernière sardinerie en activité de sa région). La boîte a-t-elle été entamée pendant la guerre, et oubliée ? Ou bien a-t-elle été oubliée intacte avant d’exploser des décennies plus tard, suite à la décomposition de son contenu ? Mystère…

10-10-1943
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Toujours dans la salle des machines, certaines des bouteilles d’oxygène dormant là portent la mention « vide » manuscrite. Une autre a été décorée d’une date manuscrite : 10-10-43. Sa date d’arrivée dans l’abri ? La date où elle fut vidée ? Autre chose ?

Dessin coquin
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Près de l’entrée côté rue Martissot, on trouve quelques graffitis d’époque sur les murs, tracés au crayon. L’un d’eux est… comment dire… L’image ci-dessus parle d’elle-même. Ma foi, il fallait bien s’occuper pendant les alertes…

Local de désinfection
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Dans un sas côté rue Klock, se trouve une porte cloison en bois posée contre un mur. A son envers, on découvre une affiche en mauvais état, mais encore lisible : « Défense Passive, Local réservé à l’équipe de désinfection et de déblaiement de Clichy. Défense d’entrer ». Impossible cependant de la préserver car elle tombe littéralement en poussière au toucher. Heureusement, elle survivra en photo.

Prise de courant
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Les deux prises de courant de l’abri (infirmerie et salle des machines) sont toujours là !

Reste de masque
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Posé discrètement au-dessus de la soupape d’évacuation de l’air située là où se trouvaient les WC, un filtre de masque à gaz esseulé…

F.G.
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Dans l’une des 4 salles de l’abri qui servait à accueillir la population au cours des alertes, et donc là où les clichois patientaient, parfois pendant plusieurs heures, pour éviter les bombes, on trouve les initiales « F.G » sur le mur du fond de la deuxième salle. Ont-elles été inscrites là par François GIGOU, le suppléant du chef d’ilôt dont dépendait la Maison du Peuple ?

Driiiiing
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Derrière le panneau de contrôle des filtres à air, en salle des machines, on remarque deux sonnettes. A quoi servaient-elles, de quoi prévenaient-elles ? D’une fin d’alerte ? D’un coup de téléphone ? D’une entrée dans l’abri ? Difficile de le dire aujourd’hui…

Redresseur Tungar
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Le rôle du redresseur est de transformer le courant alternatif du secteur de forte intensité en un courant continu, pour permettre la charge des accumulateurs qui se trouvent dans le sas jouxtant la salle des machines (et qui permettaient de faire fonctionner le téléphone). « Le rôle du chargeur Tungar est de permettre à la batterie de remplir ses fonctions en toutes circonstances en la maintenant constamment chargée », indique une notice d’époque. L’ampoule est primordiale dans le dispositif, elle contient de l’argon (un gaz), un filament de tungstène et une électrode en graphite.

Voilà, j’espère que ces petites précisions insolites vous auront diverti ! Merci à Gilles Thomas, historien et spécialiste des sous-sols parisiens, sans qui bon nombre de ces petites découvertes seraient restées cachées ! Merci également à Jean-Paul Delacruz, photographe de talent travaillant encore à l’argentique (c’est rare de nos jours !) pour m’avoir révélé les secrets du redresseur Tungar !

Crédits photos : Orianne VATIN / Mairie de Clichy


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