Le wagon de l’Armistice a séjourné à Clichy

wagon0001On apprend tous à l’école que les Armistices des deux Guerres Mondiales ont été signés dans un wagon stationné dans une clairière. Mais le parcours de ce bureau mobile reste assez méconnu. Saviez-vous qu’il était passé par Clichy ?

Le wagon de l’Armistice ne fut pas construit bien loin de notre ville, puisqu’il a pris vie dans les ateliers de la Compagnie Générale de Construction à Saint Denis d’où il sorti le 20 mai 1914.

A l’origine, c’était un wagon-restaurant qui se vit attribuer le numéro de série 2419D et qui fut ensuite, dès le 4 juin 1914, utilisé par la Compagnie Internationale des Wagons Lits sur les lignes de l’Ouest Paris-Montparnasse/Saint-Brieuc et Paris-Montparnasse/Laval, puis dès 1915 sur Paris-Montparnasse/Le Mans et Paris-Montparnasse/Saintes.

1 à 2 ans à Clichy

huma19sept27Courant 1916, le wagon est remisé à Clichy… jusqu’en 1918, où il reprendra brièvement du service sur la ligne Paris-Saint-Lazare/Deauville-Trouville, comme l’indique l’édition de décembre 1989 du magazine spécialisé Loco Revue. Mais où précisément était stationnée la belle voiture en teck verni ? Il faut savoir qu’à cette époque, il existait deux importants garages ferroviaires à Clichy. « Signalons, sur le territoire même de clichy, au-dessus du cimetière communal (note : aujourd’hui appelé le Cimetière Sud), un important garage, où la Compagnie de l’Ouest remise ses voitures », ainsi qu’un autre, sis au 10 rue de Neuilly, indique la Notice Historique de Renseignements Administratifs de Clichy, publiée en 1903 par la Direction des Affaires Départementales de la Seine. L’image ci-contre, tirée de la Une de l’édition du 19 septembre 1927 de l’Humanité, montre l’emplacement de celui de la rue de Neuilly.

Ces deux garages existent encore, et sont d’ailleurs toujours en fonction. Ils se touchent même, comme le montre la vue aérienne ci-dessous. Je n’ai trouvé aucune archive permettant de déterminer avec certitude à quel endroit exact était garé le wagon de l’armistice pendant ses années clichoises, mais le périmètre des possibilités n’est pas très grand. Je peux en revanche vous conter la suite de son histoire.

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Une destinée hors du commun

Lorsqu’elle quitte Clichy en 1918, la voiture 2419D est affectée à la ligne Paris-Saint-Lazare/Deauville-Trouville. Sa destinée va alors rapidement basculer. En septembre 1918, elle est réquisitionnée par l’armée et retourne aux ateliers de Saint-Denis pour être transformée en voiture salon-bureau (y seront aménagées, conformément aux souhaits du ministère de la guerre, deux grandes salles : la première contenant deux tables latérales et une grande table centrale servant à étaler des cartes ; la deuxième ne comprenant que deux tables latérales ; quant à la cuisine, elle fut démontée pour permettre l’installation de petites tables à l’usage des dactylographes). Puis, le 15 octobre, la voiture intègre le train du Maréchal Foch et, le 11 novembre 1918, l’Armistice y sera signé en forêt de Compiègne.

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En 1919, la réquisition de la voiture est levée : elle repasse par Saint-Denis pour redevenir un wagon-restaurant et circule alors sur la ligne Paris-Saint-Lazare/Evreux. D’ailleurs, petite anecdote : le 19 mai, alors qu’elle roule aux abords de Bueil (Normandie) et que la cuisinière s’est mise à la fenêtre après avoir enfourné un plat, cette dernière est touchée par une balle au bras gauche. Un garde territorial, posté sur un talus le long de la voie, a fait partir le coup malencontreusement alors qu’il nettoyait son fusil, comme le raconte le livre « 1918, les chemins de l’Armistice ». Peu après, le Compagnie Internationale des Wagons-Lits cède la 2419D à l’Etat français en date du 1er octobre 1919 afin qu’elle puisse être exposée au musée des Invalides. Elle y trônera, dans la cour d’honneur, de 1921 à 1927. Le temps et les intempéries feront leur effet et en 1927, le wagon ne sera plus que l’ombre de lui-même. Grâce à un riche mécène américain, il est restauré, et déplacé dans un bâtiment-musée construit pour l’exposer dans la clairière de Rethondes.

Détruit en 1945

En juin 1940, Hitler, revanchard, impose que la signature de l’Armistice en faveur d’une l’Allemagne victorieuse y soit signé. Puis, il fait démolir le musée, labourer la clairière, et le wagon est expédié en Allemagne pour être exposé à Berlin (il devait par la suite être installé dans le grand musée des guerres hitlériennes imaginé par Albert Speer pour un Berlin remodelé et rebaptisé Germania…). Le wagon 2419D disparaîtra en avril 1945, mais quant à savoir comment les avis des historiens divergent : certains affirment qu’il fut détruit sur ordre de Hitler ; d’autres assurent qu’il disparut, incendié par un bombardement allié.

Le wagon qui est désormais exposé dans la célèbre clairière est un jumeau issu de la même série, le n°2439D. Il contient les objets d’origine utilisés par les belligérants de la Grande Guerre, qui avaient pu être mis à l’abri par le maire de Compiègne juste avant que l’Allemagne ne saisisse la voiture. Voilà, vous savez (presque) tout !

Crédits photos : Google ; DR


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