J’ai fait une découverte surprenante en visitant un ancien abri anti-aérien sous un immeuble cossu des Allées Gambetta.
A l’angle avec la rue Martre, le n°2 dresse fièrement ses pierres blanches à l’entrée des Allées Gambetta (que l’on appelait avant Avenue Gambetta ou Boulevard Gambetta). Je me suis intéressée à cet immeuble car ses sous-sols ont bénéficié d’un renforcement lors d’une importante opération d’étaiement des caves civiles les plus spacieuses de la ville au début de l’année 1939. C’est à cette occasion que les nombreuses poutres et poteaux métalliques qu’on y trouve encore aujourd’hui ont été installés, afin de mieux protéger la population contre d’éventuels bombardements.
Un abri intact
Dans les caves de cet immeuble de standing, ont été aménagés deux abris : l’abri n°1 et l’abri n°2. Ensemble, ils pouvaient abriter jusqu’à 142 personnes. Ce qui est intéressant ici c’est que, contrairement à d’autres adresses que j’ai pu visiter, l’un des abris (l’abri n°1) n’a pas été divisé en caves individuelles après la guerre. C’est assez impressionnant de se tenir là, au milieu des ossatures de renforcement métalliques : c’est exigu, sombre, et c’était certainement humide par temps de pluie. Et pourtant, des clichois à l’époque ont souvent du y passer des heures à attendre la fin d’une alerte…
Autre point intéressant, l’une des sorties de secours (qui se trouve, comme à l’époque d’ailleurs, dans une cave privative) est très bien conservée comme vous le montrera la photographie ci-contre. Celle-ci, faite de matériaux peu solides (briques) et signalée en blanc, aurait permis à des habitants coincés sous des décombres, en cas de chute de projectiles et d’éboulement de l’immeuble, de casser aisément cette paroi friable afin de s’échapper en passant par les caves de l’immeuble mitoyen au leur. Heureusement, il n’y en a pas eu besoin.
Deux croix gammées
Autre détail, qui rappelle des heures plus sombres : en deux endroits, je découvre des croix gammées. L’une est gravée dans un escalier d’accès aux caves, a proximité de l’entrée de l’abri numéro 1, dans le plâtre du mur. Elle fait environ 20cm de diamètre et apparaît barrée.
La seconde, beaucoup plus petite (environ 2cm de diamètre) est gravée sur une plaque de plâtre directionnelle d’époque, qui indique l’abri n°2. Je me suis posé la question de savoir si elles étaient authentiques, d’autant qu’à proximité de la plus petite, une autre plaque murale est gravée de plusieurs prénoms (Christiane, Mirielle, etc). Lorsqu’on découvre un graffiti, si il est textuel, celui qui l’a tracé nous a laissé de nombreux indices pour le dater : police des caractères, outil utilisé pour écrire (il est évident que si c’est un stylo Bic qui a été utilisé, l’inscription ne sera pas très ancienne), teneur du message inscrit… Mais dans le cas d’un dessin, comme ces croix gammées, qui plus est gravé, les indices sont maigres, pour ainsi dire inexistants…
J’ai donc montré ma découverte à Gilles Thomas, historien expert des sous-sols parisiens et notamment des abris de défense passive. « Je ne crois pas à leur contemporanéité avec la seconde Guerre Mondiale, de plus, les autres gravures autour sont moins blanches, donc elles semblent assez fraîches, en tout cas plus fraîches que certaines qui leur sont voisines », m’a-t-il indiqué.
Quant au photographe spécialiste du monde souterrain Jean-Paul Delacruz, il partage le même avis : « J’ai essayé d’imaginer pourquoi on aurait gravé ce symbole. Un Allemand en « visite » dans l’abri pendant la guerre ? Dans ce cas il l’aurait représentée réglementairement, si je puis dire, c’est-à-dire sur une pointe, et pas aussi négligemment. Un occupant civil pendant la guerre ? Pour la rayer aussitôt ? Là non plus je ne vois pas trop le but. Si encore c’était accompagné d’un texte vengeur… Très souvent en souterrain on voit des svastikas, et même quand elles n’ont aucun rapport avec le lieu », analyse-t-il.
Il est donc impossible de dire que ces svastikas sont authentiques, d’autant plus que je commence à peine à étudier l’occupation de Clichy, je ne sais donc pas encore où étaient installées Kommandantur et autres instances nazies sur le territoire de la commune (c’est sûr que si les Allées Gambetta avaient été particulièrement nazifiées, la donne changerait). Bref, encore un mystère non résolu à Clichy !
Crédits photos : Orianne VATIN
Bonjour, adhérent à une association de la mémoire de la déportation (fndirp) votre travail de recherche est intéressant pour notre association locale le monument de la déportation place de la République prouve l’importance de la Résistance, Répression, déportation, sur la commune
Mon tel : 0685434095
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